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dimanche 29 décembre 2013

Gran Torino, ou le testament d'une légende.

Bonjour cher(e)s ami(e)s cinéphiles !

Il est des films dont l'austérité parfois révèle une grande fragilité et une grande force. Quelques années après Million Dollar Baby, le géant Clint Eastwood enfilait sa double casquette d'acteur-réalisateur pour nous replonger dans l'Amérique profonde, celle pleine de drames invisibles et de héros inconnus.




Gran Torino, c'est l'histoire simple d'un ancien militaire de la guerre de Corée reconverti en ouvrier d'usine Ford récemment endeuillé par la mort de sa femme. Raciste, bougon, irascible, Walt Kowalski regarde d'un mauvais œil les membres de sa famille et ses voisins, des immigrés hmong (une communauté asiatique). Tout semble s'effriter autour de lui. Des enfants distants, un quartier aux mains de voyous peu recommandables, des "bouffeurs de riz" empiétant sur son espace vital et incapables de tondre une pelouse, un prêtre "puceau de 27 ans sur-éduqué" cherchant à tout prix à confesser le vieil homme, ce n'est pas vraiment l'idée que l'on se fait de la grandeur des USA. Seule sa Gran Torino de 1972 trônant dans son garage lui arrache un semblant d'affection.


Attention, ce qui suit dévoile des moments clés de l'intrigue. Ne pas lire si vous n'avez pas vu le film !

Pourtant, tout finit par changer. Au contact des hmong vivant près de chez lui et plus particulièrement de Tao et Sue, M. Kowalski devient Walt. Le jeu de Clint Eastwood est touchant, tout en retenue... A noter que les acteurs hmong, exception faite du cousin "Spider", sont des acteurs amateurs.

Tao se met au service de Walt, afin de se racheter pour avoir essayer de lui voler sa voiture...

Ce qui m'a touché dans ce film, ce sont les symboles forts et imprégnés de la propre histoire d'Eastwood. Ce film est non-seulement le testament du personnage principal, mais également celui de l'acteur. Des moments clés viennent éclairer le récit, le réalisateur donnant l'impression de parler directement à l'oreille du spectateur. Cela reste extrêmement touchant, particulièrement pour ceux qui ont suivi ne serait-ce q'un peu la carrière d'Eastwood. Walt ne se confesse pas, en tout cas pas au prêtre. Mais ses actes parlent pour lui. Le viol de la jeune Sue finit par lui faire prendre une décision...

Une image forte vers la fin du film, juste avant que Walt ne parte régler ses comptes avec le gang de Spider.
La grille représente celle d'un confessionnal et c'est à ce moment précis que Walt dit ce qu'il a fait et ce qui l'a torturé depuis tout ce temps.


Et comme par similitude, le film se termine sur un Clint Eastwood agonisant, fusillé alors qu'il n'était pas armé, lui qui a passé une grande partie de sa carrière à tirer le premier.
Bref, je ne peux que vous conseiller ce film dont l'extrême chaleur fait mouche. Une chaleur de réconciliation dans un univers de mépris. Tantôt drôle (Eastwood jouant les enseignants séducteurs), tantôt touchant (les feuilles de soins illisibles gisant sur la table du salon), c'est un grand film. Pour moi, le meilleur de Clint Eastwood.




1 commentaire:

sweetmoot a dit…

Un très beau film, comme la plupart des réalisations de Mr Eastwood. Merci pour ce billet ! :-)